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Première mesure de l’impact social par rapport à la gestion traditionnelle des risques RSE de 55 grandes entreprises suisses

Commentaire sur la publication du Green Business CEO Rating 2021 dans le Magazine PME du 30.6.2021

Le moment est enfin venu, avec le lancement du Green Business CEO Rating, nous pouvons pour la première fois comparer la performance des entreprises du point de vue “inside-out” et “outside-in” (Dyllick & Muff, 2016). Les 50 plus grandes entreprises suisses ont ainsi été évaluées pour la première fois sur les deux dimensions essentielles de la durabilité des entreprises. À ce jour, la gestion de la durabilité est encore largement assimilée à la gestion des risques de l’entreprise (ou : inside-out). Aujourd’hui, cependant, il s’agit de bien plus que cela : de contributions positives à la résolution des grands défis sociaux qui ne peuvent être maîtrisés sans les entreprises et les sociétés (ou : outside-in). Ces défis peuvent et doivent être reconnus et exploités comme de nouveaux domaines d’activité plutôt que comme de simples risques. Nous sommes convaincus que ce n’est que de cette manière que les entreprises peuvent avoir un impact social pertinent dans des domaines tels que la protection du climat et l’approvisionnement en énergie, l’économie circulaire, la mobilité en réseau, l’alimentation durable ou les systèmes de santé résistant aux crises.

Pour encourager cette réflexion plus large, le Green Business CEO Rating mesure à la fois la gestion des risques et l’impact positif des entreprises :  

  • Inside-out : La gestion de la durabilité en tant que gestion des risques se concentre sur la réduction des coûts et des risques pour l’entreprise et exprime la perception de la responsabilité sociale. Il sert principalement à protéger l’entreprise et se fonde sur les résultats des évaluations ESG. La perspective dominante est celle de l’intérieur, de l’entreprise et de son impact sur la société. Les résultats consistent principalement en une réduction des impacts négatifs de l’entreprise (pollution par le CO2, consommation de ressources, déchets, émissions).
  • Outside-in : Il s’agit de contributions positives à la résolution des problèmes de durabilité de la société. Celles-ci exigent une perspective extérieure et intérieure, une vision de la société à l’entreprise et de l’avenir au présent. Cette perspective est orientée vers l’impact de l’entreprise sur la société, comme en témoignent les processus législatifs tels que le Green Deal européen ou sur le marché des capitaux sous le signe de l’investissement d’impact et d’une orientation explicite de la finalité des entreprises. Leur mesure est basée sur les contributions aux objectifs de développement durable des Nations unies, les ODD.

Le “Green Business CEO Rating” montre l’impact social et environnemental positif des meilleures grandes entreprises de Suisse. Pour la première fois, il évalue la performance des entreprises en termes de contribution positive à la résolution des défis mondiaux urgents.

  • Par souci de simplicité, la perspective inside-out est assimilée à l’évaluation ESG (Environmental, Social & Governance) bien connue.
  • Le point de vue extérieur-intérieur est succinctement appelé “impact”.
Figure 1 : Aperçu de la méthodologie

LA CONTRIBUTION DES ENTREPRISES À LA RÉSOLUTION DES PROBLÈMES LES PLUS PRESSANTS DE NOTRE ÉPOQUE

La performance des entreprises en matière de durabilité peut être divisée en quatre quadrants. Ils sont formés par les deux axes de la gestion des risques (ESG) et de “l’impact positif sur la société et l’environnement” (IMPACT) (voir figure 2). Sur une échelle de 10, la valeur moyenne mesurée pour l’ensemble des entreprises est de 4,0, ce qui montre à quel point le potentiel d’amélioration est encore important sur ces deux axes.

Groupe 1 – ORIENTÉ VERS L’EFFET

Vous trouverez ici des entreprises qui s’engagent de manière proactive à protéger leur société contre les risques liés au développement durable, et qui sont également situées sur des marchés ayant un impact positif sur les ODD. Voici les 5 premiers PDG et leurs entreprises, par exemple Swiss Re, Migros et Novartis. Ces entreprises sont actives sur des marchés socialement pertinents qui les ont amenées à prendre très tôt une position proactive sur les questions sociales et environnementales. En particulier, un réassureur comme Swiss Re est un excellent exemple d’une entreprise qui a dû reconnaître très tôt les coûts élevés des dommages naturels et climatiques – pour la société et pour elle-même – et en a tiré des conséquences stratégiques. Mais des entreprises comme Migros ou Coop ont également été directement confrontées à des problèmes écologiques et sanitaires sur leurs marchés et ont ressenti l’impact des attentes de la société. Ils ont adopté une position efficace dès le début.

Groupe 2 – EFFICACE

Vous trouverez ici des entreprises qui proposent des produits et des services sur des marchés présentant un grand intérêt pour la société et l’environnement. Soit parce qu’ils ont toujours été positionnés sur ces marchés, soit parce qu’ils ont délibérément développé des services en rapport avec les ODD pour résoudre des problèmes sociaux.  Ils passent inaperçus en termes de gestion des risques, ce qui peut également être dû à un manque de transparence ou de reporting. Des exemples de telles entreprises sont Stadler Rail, Partners Group ou Baloise.

Groupe 3 – ACTIF

Nous trouvons ici des entreprises qui s’engagent activement à réduire leur impact négatif, en servant des marchés qui n’ont qu’un faible impact positif sur la société et l’environnement. Des entreprises telles que SGS, Holcim et Schindler sont actives et engagées dans leur gestion des risques. Toutefois, leurs produits et services n’ont actuellement qu’un faible impact sur la résolution des problèmes de durabilité au sens des ODD.

Groupe 4 – PASSIF

Cette catégorie comprend les entreprises dont l’intérêt pour la durabilité est faible ou tout juste émergent, qui sont actives sur des marchés dont l’importance pour la société et l’environnement est mineure. Une entreprise figure également sur cette liste si elle communique ses performances en matière de durabilité de manière très peu transparente. Des exemples de telles entreprises sont Swatch, Ems Chemie et SFS Group. Les entreprises de ce groupe n’ont pas une bonne notation ESG et leurs produits et services ne sont pas positionnés sur des marchés ayant un impact sur les ODD.

Figure 2 : L’orientation vers l’impact positif des 55 entreprises étudiées

Les quatre catégories de la figure 2 résultent des deux notations de l’entreprise – d’une part, la notation ESG pour protéger l’entreprise et, d’autre part, la notation de l’impact SDG concernant une contribution positive à la société et à l’environnement. Les positionnements correspondants montrent bien où se situent les entreprises, tant au niveau de leur engagement en faveur de la durabilité qu’au niveau de l’impact de leurs produits et services. Les différences entre les deux méthodes d’évaluation montrent clairement qu’il s’agit de perspectives d’évaluation très différentes (voir figure 1).

  • Notation ESG pour les activités traditionnelles de RSE d’une entreprise : Les données sur les meilleures pratiques ESG de l’agence de notation ISS se concentrent sur les critères ESG classiques (environnement, social, gouvernance d’entreprise responsable) et sont basées sur une perspective de risque de durabilité. La gestion de la durabilité en tant que gestion des risques se concentre sur la réduction des coûts et des risques pour l’entreprise et exprime la perception d’une responsabilité sociale (perspective inside-out). Les résultats consistent principalement en une réduction des impacts négatifs de l’entreprise (charges de CO2, consommation de ressources, déchets, émissions), mais pas en une contribution positive à la résolution des problèmes de durabilité de la société.
  • SDG Impact Rating pour une perspective d'”impact positif” orientée vers l’avenir : Les données SDG Analytics de l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P)/Trucost analysent l’impact positif et négatif de chaque entreprise au regard des 17 SDG (Objectifs de développement durable de l’ONU). L’accent est mis sur la vision de la société à l’entreprise et de l’avenir au présent. Cette perspective “outside-in” est basée sur l’impact de l’entreprise et l’orientation sociale de ses produits et services.

Il est très important de savoir si la protection de l’entreprise contre les risques liés au développement durable est évaluée à l’aide des données ESG ou si l’impact social de l’entreprise est mesuré par rapport aux ODD. Il y a des entreprises qui sont performantes en termes de protection ESG et d’autres qui le sont en termes d’impact sur les ODD. Il s’agit de l’alignement des activités de durabilité, et non de l’engagement de l’entreprise en faveur de la durabilité. Les entreprises “actives” peuvent consacrer beaucoup d’efforts à la protection de leur entreprise contre les risques liés à la durabilité et à la démonstration de leurs performances par rapport aux multiples indicateurs de mesure, sans faire grand-chose pour l’impact lié aux ODD. D’autre part, les entreprises “efficaces” atteignent des valeurs d’impact élevées sur les ODD grâce à leur orientation produit et marché, sans que cela ne nécessite nécessairement d’effort particulier.

En fin de compte, cependant, il ne s’agit pas d’opposer les performances d’un domaine à celles d’un autre.  Ces deux domaines sont importants et ont été pondérés de manière égale pour la notation de l’entreprise.

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Author: Katrin Muff PhD

Dr. Katrin Muff is Director of the Institute for Business Sustainability in Lucerne, Switzerland and Professor of Practice at the LUISS Business School in Rome, Italy. She consults leaders and boards in business sustainability and strategic transformation, and runs an executive program together with Thomas Dyllick. Her book “Five Superpowers for Co-creators” provides insights about issue-centered multi-stakeholder processes. She brings 20 years of international strategic and general management experience in Europe, Australia, North America and Russia and a decade of leadership in business education. www.KatrinMuff.com

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